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HAMLET

Shakespeare. Janvier 2025, Théâtre National WB

C’est l’histoire d’un jeune homme dont on attend en retour de l’assassinat présumé de son père - le roi - , l’inéluctable : la vengeance. Incapable d’exercer la violence, Hamlet recourt aux mots, au langage et au théâtre pour la retarder. D’abord, en mettant en scène la pièce qui relate le fratricide afin de piéger la conscience du frère usurpateur. Puis, en jouant lui- même la folie pour mener l’enquête under-cover, aux allures de triller politique dans le huis-clos du palais ; enquête qui se révèle être aussi l’exploration de soi, et de sa capacité (ou non) à exercer la violence. Alors que la pièce hésite entre la comédie et la tragédie, Hamlet tue par inadvertance burlesque le Premier ministre, le père de sa fiancée Ophélie. La mécanique tragique est lancée sans que le pouvoir des mots (ou théâtre) n’y puisse rien changer, ni aux pulsions humaines, ni au bain de sang final.

Hamlet se fabrique à vue devant l’assemblée des témoins (ou publics), avec agilité, s’appuyant fermement sur la présence et le jeu des acteurices. Les scènes émergent du groupe. Hamlet a besoin des autres pour exister : il ne se révèle que dans l’échange et l’interaction. Hamlet existe seulement dans le partage et la circulation de la parole, elle est mouvement sur un vaisseau immobile dans l’espace-temps. Les mots, venus de loin, hérités du Baroque, nous arrivent familièrement ici et maintenant.

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Si dans Hamlet, la dimension métathéâtrale m’intéresse particulièrement, c’est parce que le héros se sert du théâtre – du jeu des acteurices et des émotions, qu’il charrie – pour à la fois tenter de percer le mystère de l’intrigue et sonder la part intime dans chaque individu. Qu’y a-t-il derrière les apparences et les convenances ? Que valent profondément les relations entre les êtres, au cœur des relations familiales, amoureuses ou ami- cales ? Que deviennent les relations humaines au contact du pouvoir ? Je cite : « Le théâtre sera la chose où j’attraperai la conscience du roi. », dit-il, rempli de confiance dans la force du théâtre. A-t-il raison ? La mise en abîme subtilement présente tout au long de la pièce ne doit en rien être démonstrative ou pire, didactique. Elle fait partie du jeu génial que propose la pièce, depuis quatre siècles.